Paul Watzlawick
L’explorateur de réalités
Figure de proue de la « nouvelle communication » et l’un des créateurs de la « thérapie brève », il a participé à l’histoire de la psy avec une idée majeure : il n’y a pas d’individu malade en soi, mais des systèmes sociaux et familiaux qui induisent des pathologies.
Docteur en philosophie et philologie, Paul Watzlawick est vite attiré par l’approche thérapeutique et l’univers symbolique jungiens. Après avoir obtenu son diplôme d’analyste à l’Institut de psychologie analytique de Zurich (Suisse), il part enseigner à travers le monde.
Il rencontre alors le gotha de la thérapie et les maîtres à penser de la psy américaine, qui l’invitent au Mental Research Institute, en Californie, la fameuse école de Palo Alto. Au contact de ces hommes qui remettent tout en cause, y compris les fondements de la réalité, il abandonne son passé psychanalytique et se lance dans la recherche.
Puis il crée, avec Gregory Bateson et ses collègues, le premier centre de thérapie brève, tout en rédigeant son propre « discours de la méthode ». Aujourd’hui, il partage son temps entre l’enseignement universitaire et les conférences internationales.
La réalité n’existe pas C’est notre esprit qui construit la réalité : en dehors d’un observateur pour le décrire, le monde n’existe pas. Il y a deux niveaux de réalité : une « réalité de premier ordre », celle que nous percevons par nos cinq sens, et une « réalité de second ordre », la signification que nous donnons à la première réalité.
Selon cette approche « constructiviste », le thérapeute aide le patient à remplacer une construction de la réalité, source de souffrance, par une autre, moins perturbante.
Un message, deux sens Dans la communication, tout message comporte deux sens. D’une part, il transmet une information des sentiments, des faits ; c’est le « contenu ». D’autre part, il exprime quelque chose sur le rapport entre interlocuteurs ; c’est la « relation ». Souvent, dans notre communication avec les autres, la relation est plus importante que le contenu.
Dans un café, un jeune homme demande l’heure à sa voisine. Ce message contient, bien sûr, une demande d’information, mais il peut traduire le désir du jeune homme de faire connaissance avec sa voisine.
Pour évoluer, il faut reconnaître quel niveau de sens on utilise le plus souvent : le contenu, donc un discours clair, ou la relation, souvent chargée de sous-entendus.
Deux codes différents Pour communiquer, nous utilisons des signaux (mots, gestes, postures, etc.). Ils doivent répondre à un « code » commun. L’école de Palo Alto a classé ces signaux en deux types de codes et s’est référée aux termes de l’électronique.
Le premier, « digital », est cérébral, logique, analytique. Plus précis, il explique et interprète.
Le second, « analogique », est affectif, imagé. Plus flou, il utilise les symboles, les métaphores.
La communication digitale ne peut passer qu’entre les personnes qui connaissent les codes, tandis que la communication analogique est comprise de tous.
Si l’on vous dit « Je t’aime » en finlandais, vous n’allez pas comprendre. Si l’on vous serre dans ses bras, la communication passera.
Une bonne thérapie est brève Les thérapies longues, dans la logique du « toujours plus de la même chose », sont inutiles : si un problème psychologique persiste, c’est qu’il est maintenu par un certain comportement. Il faut donc le changer de façon adéquate, ce qui permettra de résoudre ou de faire disparaître le problème.
Une « thérapie brève » ne s’attaque pas directement au problème, mais à la structure (le comportement) qui l’entretient. Le thérapeute s’attachera donc à comprendre le contexte familial, social ou professionnel du patient.
La famille est un système Une famille est un système complexe comportant, entre autres, des pouvoirs, des conflits, différents types de communication, des coalitions, etc. « Le tout est supérieur à la somme des parties ! » L’école de Alto a fondé sa thérapie familiale systémique en se focalisant sur cette complexité.
Le thérapeute, qui n’est ni passif ni neutre, cherche à mettre à jour les échanges et communications pathologiques entre les membres d’une famille, pour trouver les moyens concrets de modifier l’ensemble et de l’assainir.
Pour modifier sa vision du monde, il est plus efficace de commencer par modifier sa façon d’agir.
« L’Invention de la réalité » Un ouvrage rigoureux sur l’approche constructiviste et la pratique thérapeutique (Le Seuil Poche, 1996).
« Une logique de la communication » Un exposé sur les divers aspects de la communication, les troubles du comportement, les approches thérapeutiques (Le Seuil Poche, 1979).
« L’Art du changement » Un essai sur les thérapies brèves en collaboration avec Giorgio Nardone (L’Esprit du temps, 1993).
« Faites vous-même votre malheur » Décodons avec humour nos stratégies personnelles qui nous poussent à vivre en conflit (Le Seuil, 1990).
- 1921 : naissance à Villach, Autriche.
- 1945 : s’installe à Venise. Etudie la philosophie du langage et la logique.
- 1949 : doctorat de philosophie.
- 1950-1954 : formation analytique à l’Institut C. G. Jung de Zurich (Suisse).
- 1957-1959 : enseigne la psychanalyse et la psychothérapie à l’université nationale du Salvador.
- 1960 : travaille à l’Institute for Direct Analysis de Philadelphie sur les relations soignant-soigné. Rencontre Don Jackson de l’école de Palo Alto.
- 1961 : engagé comme chercheur au Mental Research Institute (MRI) de Palo Alto.
- 1967 : fonde avec ses collègues le premier centre de thérapie brève à Palo Alto.
- Depuis 1968 : porte-parole du MRI, en rédige les fondements qui remettent en cause l’approche psychanalytique classique.
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