Milton H. Erickson

miltonL’hypnotiseur qui réveille

Considéré comme le fondateur des thérapies brèves, précurseur délibérément en marge des courants institutionnels de la psychologie, Milton Erickson est surtout le créateur d’une technique d’hypnose, qu’il a mise au point en luttant toute sa vie contre sa propre souffrance. Né dans une ferme du Connecticut, il était dyslexique, daltonien, éprouvait des difficultés à reconnaître les sons, et avait été atteint de poliomyélite à l’âge de 17 ans…

Dès 1923, il étudie l’hypnose « à l’ancienne « , qui consiste à plonger les patients dans un état de sommeil profond. Puis il met au point une méthode d’hypnose « éveillée », fondée sur la relation patient thérapeute et sur le respect absolu du sujet.

Jusqu’en 1948, Erickson mène une carrière universitaire et clinique de psychiatre. En raison d’une nouvelle attaque de polio, il se consacre ensuite totalement à sa clientèle privée. En cinquante ans de pratique, il a traité près de 30 000 personnes. Durant toute sa carrière, il n’a jamais écrit d’ouvrage théorique. Seules ses conférences ont été publiées.

S’appuyer sur l’inconscient

Sa conception de l’inconscient diffère considérablement de celle de Freud. Pour Erickson, il n’est pas un « refoulé obscure», mais un « réservoir lumineux », à la fois dépositaire de toutes nos ressources intérieures et véritable force positive capable de nous inspirer des solutions pour résoudre tous nos problèmes. Il ne faut donc pas en avoir peur : il est notre allié le plus solide et le plus fiable. Autonome, possédant ses modes de fonctionnement particuliers, il détient une sagesse propre, et c’est sur celle-ci que l’on peut s’appuyer pour changer de vie ou de comportement.

Expérimenter l’hypnose Pour Erickson, l’état d’hypnose est un phénomène physiologique naturel et assez banal, que nous expérimentons chaque jour. Un moment d’inattention, un instant de rêverie, l’immersion dans une lecture passionnante ? Aussitôt que notre attention se déplace en dehors de l’ « ici et maintenant », nous sommes dans un état de « transe commune » très similaire à celui de l’hypnose.

Contrairement aux idées reçues, ce n’est pas un état passif, mais actif, pendant lequel peuvent arriver beaucoup de choses. Notamment une communication directe avec notre inconscient, car les limites habituelles de la pensée sont provisoirement suspendues.

Retrouver ses ressources intérieures Premier thérapeute à mettre en avant le fait que chacun est unique, Erickson était profondément respectueux de l’individu parce qu’il reconnaissait en chaque être humain l’existence de ressources intérieures extraordinaires : l’intuition qui s’éveille au moment où l’on en a besoin, le geste juste qui s’impose à nous sans que nous ayons eu le temps d’y réfléchir. Ces ressources peuvent être découvertes au quotidien et se développent quand on apprend à être plus attentif à ses sensations physiques les plus infimes.

Pratiquer l’autohypnose Erickson a été le premier à découvrir la technique et l’efficacité de l’autohypnose. Il est en effet possible, après en avoir fait l’apprentissage, d’entrer par soi-même en état de transe légère. On peut alors utiliser une technique «sur mesure» : autosuggestion par des images, de la musique, contrôle de la respiration, focalisation sur une zone du corps.

Les applications de l’autohypnose sont très nombreuses : on peut se débarrasser de complexes, travailler sa mémoire ou son élocution, calmer des maux de tête, etc. Pratiquée au quotidien, l’autohypnose est sans effets secondaires

Eveiller son entourage Dans la communication quotidienne, Erickson suggérait de créer des effets de surprise, des situations particulières, plus éloquentes que des paroles directes. Par exemple, il préconisait des phrases suggestives comme: « Ah, l’odeur de la cuisine provençale ! », plutôt que d’intimer l’ordre : « Déjeunons dans un restaurant provençal ! »

Ces événements « décalés » permettent de désorganiser le schéma mental des personnes qui vivent avec nous, et donc de modifier leur état de conscience pour mieux faire passer notre message. C’est ce qu’il appelait la « dé-potentialisation de la conscience », sans jamais donner de recette toute faite : c’est à chacun de faire preuve de créativité et de développer sa qualité d’écoute de l’autre.

Nous avons tous des potentialités dont nous ne sommes pas conscients.

A lire 

« L’Hypnose thérapeutique » Quatre conférences retranscrites et commentées pour découvrir son style si personnel (ESF, 1998).

« Milton H. Erickson » de Jacques-Antoine Malarewicz et Jean Godin. Essentiel pour comprendre les fondements théoriques de l’hypnose clinique et de la psychothérapie stratégique (ESF, 1999).

« L’Hypnose » de Patrick Bellet. Une approche moderne et complète de cette technique à travers les principes d’Erickson (Odile Jacob, 2002).

« L’Hypnose Ericksonienne » de François Paul-Cavalier. Un essai qui rend accessible à tous cette méthode (Bernet-Danilo, 1995).

 Date 
  • 1901 : naissance à Aurum, Nevada.
  • 1918 : reste paralysé à la suite d’une attaque de poliomyélite.
  • 1923 : assiste pour la première fois à un séminaire sur l’hypnose.
  • 1925 : premier mariage, duquel il aura trois enfants. Devient assistant psychiatre à l’hôpital d’Etat de Rhode Island, puis fait son internat à l’hôpital psychiatrique du Colorado.
  • 1928 : obtient ses diplômes de médecine et psychologie.
  • 1934 : est nommé directeur du département de formation psychiatrique à l’hôpital d’Eloise, Michigan, et professeur de psychologie clinique au collège d’Etat du Michigan.
  • 1936 : se remarie.
  • 1948 : est nommé directeur clinique de l’hôpital de l’Arizona.
  • 1952 : nouvelle attaque de la maladie.
  • 1957 : fonde la Société américaine d’hypnose clinique.
  • 1967 : parution de son premier recueil d’articles.
  • 27 mars 1980 : meurt à Phœnix, Arizona.

 

 

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